Les règles de tournage...
et de montage
Nous avons commencé avant la première prise de vue par faire un plan général du film (script) que l'on veut faire (cf Préprod): l'idée directrice et les temps forts. Maintenant il faut assembler les images non seulement en respectant ce plan, mais en le servant par des choix judicieux de juxtapositions de plans. Pour cela, il faut suivre un certain nombre de règles que tout cadreur connaît par coeur et que le vidéaste amateur doit intégrer dès la prise de vue. - Ooh ! là, c'est ce que je craignais, y a du cours magistral dans l'air ? Petit le cours magistral ! mais il faut bien passer par les bases.. du métier. L'effet Koulechov : Il a été mis en évidence par un cineaste du début du XXème siècle. J'en donnerais deux exemples. Le premier c'est la séquence* d'origine de Koulechov. Plan numéro un : un homme est filmé en train de regarder quelque chose qui est hors champs, son regard est inexpressif. Plan suivant : Une assiette à soupe sur une table. On refait plusieurs fois le montage en remplaçant le second plan par un plan montrant une jolie femme puis un enfant dans un cercueil. Le cinéaste Russe montre que les spectateurs qui visionnent ces trois séquences, on successivemement interprétés que l'homme pensait à la faim, au désir, à la tristesse. Le second exemple est emprunté à Claude Lelouch qui expliquait dans une interview, la magie du cinéma et la force qu'un raccord entre deux plans peut donner par l'exemple suivant : Un homme et une femme sont dans une voiture, filmés en cadrage subjectif* , vous voyez l'homme qui conduit et qui parle à la femme, soudain gros plan sur ses yeux effarés, vous entendez le cris de la femme, plan suivant : un camion en travers de la route. Tout est dis en quelques secondes, le spectateur imagine l'accident et si vous montrez ensuite une foule en noir à la sortie d'une église le spectateur ne pensera pas " c'est la sortie de la messe", mais " ils sont morts, c'est leur enterrement". Pourtant aucune scène d'accident : c'est la magie du montage cinématographique. Je rajouterais un autre exemple, emprunté au film Braveheart de Mel Gibson. Dans la scène de la bataille de Stirling, le spectateur voit deux armées face à face, pourtant ce sont les mêmes 2000 hommes qui ont joués une fois l'armée Scottish et une fois l'armée British et avec un montage habile... Les faux raccords : On appelle faux raccord deux plans qui se succèdent en donnant l'impression qu'il y a un "couac" dans les images. Premier cas, deux plans presque identiques se succèdent donnant l'impression d'une saute d'images. Le problème vient d'un léger changement d'axe de la caméra entre les deux plans, inférieur à 30°. Si vous vous déplacez par rapport au sujet, faite le franchement ! Autre faux raccord : vous filmez deux personnes qui marchent dans un parc. L'homme est à gauche de la femme. Dans le plan suivant c'est l'inverse, boum, faux raccord. Le premier plan a été tourné en début de journée, le soleil brille, le second plan le soir, il fait noir et il pleut, pan, faux raccord. Réfléchissez, on peut trouver encore d'autres exemples de faux raccords. Les changements de place des personnages, la place des accessoires, les lumières... sont des sources de faux raccords. Pour éviter les faux raccords, il faut penser montage dès que l'on filme et au montage regarder chaque plan filmé avec des yeux de mouche. Un autre moyen d'éviter les faux raccords ou les raccords heurtés, c'est l'artifice du plan de coupe. Insérer un plan de coupe entre deux scènes permet d'éviter certains faux raccords.
La règle des 180°: Dans les plans où il y a une direction qui est indiquée, que ce soit la direction du regard, ou la direction d'un mouvement, il faut impérativement ne pas franchir la ligne des 180°, c'est la ligne virtuelle d'inversion de la direction. Si vous filmez une partie de tennis, le joueur rouge est à droite et le joueur vert est à gauche, si vous changez de côté du terrain, vous inversez ce que vous montrez au spectateur, il est perdu.
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